Les enfants et les écrans. Usages des enfants de 0 à 6 ans, représentations et attitudes de leurs parents et des professionnels de la petite enfance

CONTEXTE En initiant cette recherche, l’Office de la Naissance et de l’Enfance souhaite se positionner face à un constat de société. Le contexte social actuel laisse apparaitre une utilisation croissante des technologies par des publics de plus en plus jeunes. Les médias d’information de communication semblent s’être fait une place de choix dans la vie familiale et sociale de la plupart des individus. Les jeunes enfants et leurs parents sont confrontés à ces technologies et les professionnels de la petite enfance se questionnent sur les effets de ces usages technologiques dans l’épanouissement global et le bien-être des enfants. Les évolutions technologiques favorisent la « nomadisation » des écrans : tablettes, GSM, et autres gadgets technologiques impliquent des modifications de pratiques et d’usages qu’il semblait urgent pour l’ONE d’interroger. Cette recherche s’inscrit dans le programme de son Service d’Education à la Santé, lequel mène, tous les deux ans, une série d’actions de sensibilisation sur un sujet sensible en lien avec les publics prioritaires de l’ONE. La recherche menée par le GReMS et le CECOM s’inscrit dans cette phase préparatoire, préliminaire à la mise en place d’actions concrètes à destination des publics ONE : les enfants et leurs parents ainsi que les professionnels de la petite enfance. METHODE Un protocole d’étude a permis de questionner un double public. Les phases de recherche quantitative d’abord, qualitative ensuite ont permis aux chercheurs de dresser un bilan des attitudes et représentations des deux publics interrogés : • D’une part, les parents d’enfants entre 0 et 6 ans. Leur témoignage a permis de dresser un état des lieux des usages des écrans par leurs enfants, des façons dont ils régulent ces usages, ainsi que de dégager leurs attitudes face aux écrans au sein de l’espace familial ; • D’autre part, les professionnels de la petite enfance interrogés en tant qu’acteurs de terrain de première ligne ayant un lien privilégié avec les familles. Ils ont pu témoigner de la nature de leurs échanges avec les parents sur cette question des écrans, sur les limites ou interdictions ou les usages à encourager, sur leurs attitudes en tant que professionnels. La méthode quantitative a permis, via un double questionnaire en ligne, de dresser un état des usages et attitudes relatives aux écrans en famille, du point de vue des deux publics. Un dispositif mis en place dans certaines consultations a permis d’interroger les parents moins connectés. La méthode qualitative, partie de ces typologies, a permis d’affiner la question des représentations en interrogeant les publics de façon plus approfondie sous forme de deux séries de focus groups (avec les professionnels et avec les parents). Il s’agissait de mieux comprendre les motivations et opinions qui sous-tendent les attitudes de chacun des publics, ainsi que leurs attentes en termes d’information ou de formation concernant les relations des enfants aux écrans. RESULTATS L’enquête montre que parents et professionnels considèrent l’usage des écrans par les enfants de 0 à 6 ans, comme étant globalement défavorable à l’épanouissement des enfants. Cela contraste avec le fait que les familles comptent en général six types d’appareils à écran différents, dont la plupart sont dans l’espace familial. Cette attitude défavorable se traduit par une éducation soucieuse d’éloigner les enfants des écrans, mais qui se heurte à des contraintes de cohabitation familiale quotidienne qui en atténuent l’effectivité. Peu nombreux sont les parents qui favorisent et encouragent sélectivement des usages d’écrans qu’ils considèrent comme indispensables au développement individuel et social des enfants. Toutefois, les parents manifestent en général une réelle volonté d’accompagner les enfants plutôt que d’interdire ou empêcher. Ils sont conscients de la nécessité d’éduquer les enfants aux écrans, mais peinent à identifier les conduites positives à adopter face à ces objets à la fois convoités et préoccupants. L’enquête suggère d’aider au mieux les parents à passer d’une certaine diabolisation anxieuse des écrans à une posture éducative raisonnée et sereine.